Tête de ma mère, on m’a raconté ça cet après-midi.
La chose se passe tout près de chez moi, dans un château 12è siècle, pendant la Seconde guerre mondiale.
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Débarquement, été 44. Des milliers de blessés. Hôpitaux débordés : on transforme le château en hôpital de campagne, cas de le dire. La châtelaine est bondieusarde et veille scrupuleusement, toute la nuit, chaque mort. A chaque fois. Immanquablement.
Sauf que les jeunes étudiants en médecine dépêchés sur place n’en peuvent mais de ces veilles interminables et peut-être peu hygiéniques. L’atmosphère, me dit-on, est sanguinolente, désespérée, apocalyptique, et les cadavres, on préfère les enterrer fissa.
Les carabins ont une idée. L’un d’eux se substitue à un soldat nazi clamsé. Sur sa couche, il mime celui qui est passé de l’autre côté. La comtesse, pieusement, débarque, se confond en prière et ne bouge plus. Du tout. Du tout. Les heures passent et le type craque. Envie de faire pipi, courbatures ? Il se lève, finalement ; et la comtesse défaille.
Vexée, elle disparaît quinze jours durant dans ses appartements....
Voilà ce que je glane, à passer des heures avec les villageois du village d’à côté, à me suspendre à leurs récits. Dans ce même château, côté ferme, on abritait des déserteurs, des paumés de l’exode de 40, on écoutait Radio Londres et on planquait la radio dans le colombier quand la Gestapo se ramenait.
Chouette. Non ?
Le 4-4 toujours en réparation. Pour ceux que ça intéresse. A croire que je lui ai jeté un mauvais sort. Je jure que non - tête de ma mère.