"L’agro-écologie peut nourrir la planète", c’est l’ONU qui le dit

Dingue. Le lendemain même de ce rapport discutable sur le fait qu’il faille apporter des tracteurs et des engrais aux agricultrices des pays pauvres, un Onusien bon teint répète ce que la FAO avait affirmé il y a quatre ans : oui, l’agro-écologie est la solution. PAS SEULEMENT pour des raisons environnementales. Mais AUSSI parce qu’elle supprime la dépendance des agriculteurs aux semenciers et autres vendeurs de pesticides, dont les prix sont liés au cours du pétrole...

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Voici ce qu’Olivier de Schutter explique à Terra eco :

"Il existe une solution pour augmenter la productivité de l’agriculture de manière durable, c’est l’agro-écologie. Elle peut nourrir la planète. Aujourd’hui, les agriculteurs utilisent principalement des pesticides et engrais pour augmenter leur productivité. Or ces produits sont importés, c’est extrêmement périlleux. De plus, leurs prix dépendent du cours du pétrole et ont augmenté beaucoup plus vite que ceux des denrées alimentaires. Malheureusement, une agriculture qui dépend d’énergies fossiles est une agriculture qui va dans le mur. Au contraire, l’agro-écologie est un mode de production qui mise sur les cycles de la nature pour augmenter la productivité. C’est beaucoup moins onéreux pour les producteurs et plus durable. Ils n’ont pas besoin de s’endetter par exemple pour acheter des tracteurs ou des intrants."


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  1. Yann Kindo

    "un Onusien bon teint répète ce que la FAO avait affirmé il y a quatre ans : oui, l’agro-écologie est la solution"

    Comme je viens de vous l’indiquer sous votre billet sur "les femmes et les pescticides", cette affirmation à propos de ce que la FAO aurait dit des supposés mérites du bio n’est que le relais d’une rurmeur que la FAO, par la voix de son directeur, avait démenti dès décembre 2007, soit il y a plus de 3 ans.
    Il serait grand temps d’arrêter de propager la rumeur, non ?

  2. Yann Kindo

    Autre chose, moins factuelle et plus "morale" :
    Je suis assez scandalisé par la manière dont des occidentaux bien nourris et dont l’activité consiste à écrire des livres plutôt que de travailler la terre se pensent avoir le droit de refuser aux paysans pauvres des pays du sud - qui constituent la grande majorité des 925 milions de personnes insuffisamment alimentées sur la planète, eux qui pratiquent par défaut cette agro-écologie qui vous plaît tant depuis la France -la possibilité d’augmenter leurs très faibles rendements et de soulager leur peine via la mécanisation et les intrants.
    Votre posture a l’air "gentille" comme ça, mais d’un point de vue humaniste, elle est en fait assez indécente, je trouve.
    Sur très exactement le même sujet, celui des mythes et fantasmes d’occidanteux à propos de l’agriculture et de l’alimentation des gens bien plus pauvres qu’eux, je renvoie à ce démontage de ce que dit d’un état indien Marie Monique Robin dans son nouveau documentaire :
    http://afis-ardeche.blogspot.com/2011/03/du-poison-dans-nos-assiettes-ou-dans.html

  3. Emmanuelle Walter

    Je suis sensible à votre info sur la manière dont les propos de la FAO auraient été détournés, et je viens de le préciser ici même. Cela n’empêche visiblement pas un expert de l’Onu d’affirmer (et non de réaffirmer, alors) que cette option n’est pas absurde !

    Sur le reste, il y a vraiment débat. Je ne suis pas adepte du folklorisme agro-exotique façon Marie-Monique Robin, et souhaite vivement que les agriculteurs-trices en question aient accès à des techniques qui les sortent de la misère et de l’anéantissement. Mais le raisonnement de la FAO fait totalement abstraction de la catastrophe agricole occidentale et ça me sidère (voir Lester Brown).

    Quant à Pierre Rabhi, il ne prétend pas être scientifique, que je sache ; mais il se trouve que son concept d’agro-écologie est utilisé et promu par des personnes tout à fait sérieuses (dont l’interviewé de l’ONU dont nous parlions plus haut). J’imagine que ça dérange, mais c’est comme ça.

    Merci pour votre participation et vos précisions !

    Bien cordialement

    Emmanuelle Walter