Compensation éco-conjugale.

Je viens d’inventer ce vocable. Ecoutez voir, c’est nouveau et intéressant. La compensation éco-conjugale (la CEC) consiste à compenser par des gestes écologiques un geste résolument polluant de votre conjoint.

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C’est un positionnement ardu, qui se trouve à équidistance de la mauvaise conscience, de l’aliénation millénaire des femmes et de leur niveau de conscience holistique très nettement supérieur à celui du sexe opposé.
Afin de mieux faire comprendre cette nouvelle pratique, un exemple spectaculaire puisé ce jour.

Mon conjoint est à deux doigts d’acheter une Land Rover. Vieille de surcroît. Je veux épargner les âmes sensibles, mais disons en gros que c’est un 4-4 Diesel neuf places, aux normes Euro 4 dans le meilleur des cas, genre 10 litres au cent, je préfère ne pas vérifier les émissions de CO2 et de NOx - un cauchemar. La Rover (une Defender vert foncé, pour les connaisseurs) servira à emmener les enfants à l’école le matin, et l’honnêteté commande de dire que la maison se trouve au bout d’un chemin de 600 mètres, au creux d’une vallée humide, avec chemin caillouteux envahi par la boue et l’eau dès que novembre arrive, et ce jusqu’à mars. Elle effectuerait au minimum 15 km par jour.

Après des semaines de discussions épuisantes sur l’opportunité de remplacer notre Picasso fatiguée par une voiture moins polluante et donc chère, j’ai fini par abandonner devant les flammes qui dansent dans les yeux du dit conjoint à l’idée de conduire une voiture pleine de charme qui évoque irrésistiblement ses jeux d’enfant.

C’est dingue. J’ai quand même écrit ceci, et voilà....

Ma compensation ? Simple.

Je me rends de ce pas (et en voiture, hélas, la mienne, une ravissante Berlingo) dans une ferme bio et collective que je chéris, et qui se propose, via la Foncière Terre de Liens, d’être rachetée par des actionnaires peu soucieux de rentabilité et qui veulent éviter le poids du surendettement à des jeunes paysans qui font le meilleur yaourt du monde, proposent une quarantaine de variétés de tomates, ont un petit élevage de vaches dont les races sont en voie de disparition, organisent au village des séances de cinéma muet accompagné au piano et des cours de percus pour enfants, et j’en passe. Telle que vous me voyez, moi et d’autres, on va acheter une action à hauteur de 100 ou 200 euros ou beaucoup plus.

C’est peu, évidemment. Mais c’est chouette. Je voulais fêter avec vous ce premier jour de conceptualisation de la CEC.

A suivre.