Etre une mère de cavalière éblouie par les talents d’une personne de petite taille (mais très grande). Finir par dénicher un bout de pré à côté de la maison. Remercier le ciel d’avoir un exquis prof d’équitation qui prête deux de ses quadrupèdes. L’aventure commence.
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D’abord, trois semaines merveilleuses. La personne de petite taille (mais très grande) se débrouille à merveille. Et que je t’organise une mini-sellerie dans la cabane de jardin, et que je brosse consciencieusement les ponettes avant chaque séance, et que je fais monter admirablement, en toute sécurité et toute pédagogie, un cadet trouillard ; et les autres kids de passage à la maison. Impec.
Et que je monte comme une princesse quand j’ai fini mes devoirs, quand la lumière est belle. Paradis.
Ensuite, un week-end de doute.
La plus grande ponette, celle que monte habituellement la personne de petite taille (mais très grande), ne veut plus être montée. Faut vraiment s’y prendre plusieurs reprises pour parvenir à ses fins. Ensuite, selon le terme apparemment consacré, "elle fait le con". Comprendre qu’elle n’obéit pas, marche quand il faut trotter et inversement. Lassitude, déception chez la cavalière. Conseils du prof exquis : savoir se montrer autoritaire. Bon.
Trois jours affreux.
Attaque cardiaque : en route pour la crèche, on croise dans le chemin les deux ponettes. Elles ont franchi les rubans électriques, alléchées par le pré d’à côté dont les herbes arrivent à la taille. Puis se sont baladées allègrement. Pour les attraper, il faut s’approcher, les amadouer, parvenir à accrocher la longe au licol.
Le lendemain, 8H20, constatons à nouveau leur disparition. Et nous voilà, à l’heure de l’école, cartable au dos pour certains, chemise de nuit et bottes caoutchouc pour d’autres (moi), à déambuler dans les herbes hautes du pré d’à côté jusqu’à ce que les deux crapules se laissent entraîner. On attache l’une à un arbre, avec sa longe ; au bout de quelques heures elle s’y emmêle les pattes et tombe, et reste coincée ; le maire passe, par hasard, qui connaît bien la chose, et dénoue tout ; plus de peur que de mal.
Le surlendemain, 7H30. Un agri du coin est à la porte. Mon coeur à cent à l’heure. "Votre cheval noir, je l’ai croisé sur la route !". Et me voici à nouveau, seule cette fois, chemise de nuit+bottes+piqûres d’orties, atteignant péniblement le jardin d’Eden où elles sont là, s’empiffrant tranquillou.
On renonce provisoirement à notre pré. On nous loue un pré à vaches, super clôturé, avec ruisseau, mais... la plus petite parvient à se faufiler sous les barbelés ! Après avoir sanctuarisé en tissant de la ficelle, on part en week-end le ventre noué, portable dans la poche arrière, mauvais sommeil... tout va bien. Elles ne bougent plus. Ouf !
Sauf que l’enthousiasme des débuts est retombé. La cavalière manque d’allant ; les poneys ne sont plus visibles de la maison, mais à cinq minutes à pied. La selle reste accrochée dans la sellerie. Mince.
Un après-midi torride. On décide d’aller chercher nos amies pour qu’elles pâturent dans le jardin pas encore tondu. Tentant d’attraper la grande, je me place un peu trop derrière. Douleur fulgurante aux cuisses. J’ai reçu "un coup de cul" ; soit deux coups de sabot redoutables. J’ai les hématomes les plus monumentaux depuis que l’homme murmure à l’oreille des chevaux. Sur la plage, cet été, ça va être joli.
Du coup, on les snobe un peu, les ponettes.... "Ca ne s’improvise pas, d’être éleveur" se moquent les voisins.
Bon, ça va hein !
La suite, au prochain numéro.
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