Ce moment où la voiture s’enfonce dans la forêt

Peut-on raisonnablement parcourir 30 kilomètres par jour, un jour comme aujourd’hui, et pas en Vélib’, hein, s’horrifier de son bilan carbone, et se déculpabiliser simultanément parce qu’on fait du social ?

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Peut-on raisonnablement repousser au fond de soi la vision apocalyptique de son pot d’échappement en pleine activité, au prétexte qu’on est hanté par les histoires persos des stagiaires qu’on a encadrés tout le jour durant, et qu’on va, tiens, chercher un psy gratuit pour l’un, une conseillère en économie familiale pour l’autre ?

Le social compense-t-il la pollution ?

Land Rover (encore ?!) se vante bien de fournir des 4-4 aux humanitaires et aux activistes des ONG vertes (et le pire, c’est que c’est vrai).

Une nouvelle compensation, quoi. Après la compensation éco-conjugale, la compensation éco-sociale. Un truc pour apaiser son âme au moment où la voiture s’enfonce dans la forêt.

Il y a, dans cette idée de compensation, des relents jésuites, pascaliens, plus globalement judéo-chrétiens, assez terrifiants ; ni plus ni moins la preuve que certains d’entre nous ne se sont toujours pas libérés d’un bon vieux carcan catho, même s’il est logé dans l’inconscient, genre déni.