Aller simple pour Montréal (sans 4/4)

A-t-on vu blog plus négligent ? Rien depuis un bail, alors que les idées ne manquent pas, surtout la nuit, pendant mes traditionnelles insomnies. Il y a une raison, en fait.

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Après trois ans et demi de vie 100% campagnarde, du lundi au dimanche et du dimanche au lundi, je quitte le Perche (oui, bon, on peut le dire maintenant, mon paradis bocager était sis dans le Perche) pour le Québec, et comment dire, ça m’occupe. D’où ce grand silence fâcheux. Perche-Québec, pour ceux qui l’ignorent, était une téléportation très à la mode au 17è siècle. Les premiers Français du Canada étaient Percherons, et ils se sont tellement reproduits que les généalogistes prétendent que tous les Québécois "pure laine" ont du sang percheron qui coule dans leurs veines. Me voilà sur leurs traces ;-)

Pour ma part, même si ce sang percheron n’est pas génétiquement le mien, il l’est, affectivement. Je pars heureuse parce que j’ai toujours eu la bougeotte, mais je pars en versant chaque jour une petite larme. Une larme pour les haies qui ornent mon paysage, là, derrière la baie vitrée, ma "télé bio" comme le suggérait une copine de ma grande fille l’autre jour. Une larme pour les écureuils / chevreuils / geais / lapins en pagaille, une larme pour la douceur de vivre et la gentillesse, une larme pour mes mains dans le potager, une larme pour l’espace, une larme pour le vent.

Merci à celles et ceux qui ont suivi sur ce blog la deuxième partie de mes aventures rurales (la première partie, celle de la Parisienne qui découvre l’herbe, est écoutable sur Arte radio, "A la campagne"). Je le laisse en ligne à la demande générale d’une bonne amie qui aime à se repaître du premier billet écrit ici, en réaction à l’acquisition contestée d’une vieille Land Rover qui déclencha cette envie de blog.

Et puisque je me targue de pratiquer l’honnêteté intellectuelle, je suis ici obligée d’admettre - ami écolo, bouche-toi les oreilles - que la conduite de ce 4/4 polluant et bringuebalant a fini par, disons, me plaire un peu, pour les sensations totalement raccord avec le paysage, et l’impression d’EN ETRE. De la boue. Des arbres. De la vie.